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Mobilier urbain partenaire de vie

par Florent Aziosmanoff

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Fonction dramatique : une relation humanisée
Marivaux
Une société robotique marivaldienne


Marivaux

Dans une première lecture, le théâtre de Marivaux décrit le moment particulier de la vie amoureuse précédant l’acte lui-même, la période d’approche du couple. C’est le temps de la séduction, des tromperies et des emportements amoureux, des quiproquos et des manœuvres.

Ainsi, les couples se font et se défont, les équilibres sont fragiles et en perpétuelles redéfinitions, mais également, les projets suivis avec obstination se fraient un chemin au travers de toutes les adversités.

L’usager de passage dans Le Jardin des amours peut en rester à cette lecture superficielle de la relation entre les robots, portant son attention sur le spectacle d’une forme de badinage qui se situe entre le flirt codifié des fêtes pastorales et le libertinage qui viendra plus tard. Il s’amusera ou s’émouvra des manœuvres que les mobiliers exécutent pour parvenir à leurs fins, les uns vis à vis de autres, ou vis à vis du public. Voire, de ce que cela provoque du même registre entre les usagers eux-mêmes.

Une lecture plus approfondie du théâtre de Marivaux donne accès à une réflexion fondamentale sur la conscience de soi. A travers son théâtre, Marivaux élabore et exprime, dans la première moitié du XVIIIème siècle, les prémices aussi bien de la conscience de soi qui aboutira plus tard à la naissance de la psychanalyse, que de la conscience collective qui conduira à la révolution.

Le moteur du théâtre de Marivaux est le désir. C’est son élaboration, ses soubresauts et son emprise sur les individus qui sont donnés en spectacle. Cependant, dans ce désir, ce qui est en jeu n’est pas « l’autre » objet du désir, ni même la relation qui s’élabore, mais la découverte de soi, sujet du désir. La mise en mouvement des sens est l’occasion puissante de la « prise de conscience », qui annonce le principe plus tard énoncé de l’inconscient.

Une prise de conscience qui conduit inévitablement, chez Marivaux, à une mise en discussion de la relation entre ordre établi et liberté individuelle, à un débat sur la place occupée dans la hiérarchie sociale. Son théâtre représente une société organisée avec des maîtres et des serviteurs et où l’homme domine la femme. Mais il l’interroge au travers du filtre des valeurs : la justice, le respect de l’autre, la compassion.

Dans le théâtre Marivaldien, les maîtres n’imposent pas leur loi aux serviteurs par la force. Ils doivent convaincre, ou s’incliner plutôt que de commettre l’injustice, ils ne peuvent manquer de respect aux plus faibles. Les femmes résistent à la domination des hommes, se protègent de leurs abus, allant jusqu’à prétendre organiser à leur manière la société dans ce qui semble décrire mot pour mot la révolution à venir.

(Voir ci-après le texte de David Ferré)

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